mercredi 10 août 2016

De la longueur et de l'ampleur des robes

Suite au conseil de Marthe sur un commentaire Facebook, je vais essayer de dévelloper un peu.

Pour commencer un peu de détail sur moi. Il y a quelques années je suis tombée dans le folk (danse) et le médiéval à peu près en même temps j'étais alors étudiante en art et j'ai passé 4 ans en jupe longue sans porter de pantalons, j'ai continué mes études dans le bâtiment, tout en continuant à porter des jupes (longues voir tres longues) sur les chantiers. Et si aujourd'hui je suis maman au foyer pour encore quelques mois avec enfants en bas age et que je reporte des pantalons, les jupes longues continuent à faire partie de ma garde robe. 
Dans le cadre de la reconstitution la question quotidienne de la jupe m'a sensibilisée à la façon de vivre la robe médiévale son ampleur et sa longueur mais aussi les périodes plus tardives.

La création de cet article est dû aussi à un raz le bol devant des personnes souhaitant faire de l'historique et ayant comme argument sur le fait que leurs jupes soit trop courtes :
"c'est pas pratique"
"mais tu ne comprends pas, nous on danse"
"quand on fait la cuisine il faut quelque chose de pratique"
"les paysannes allaient au champs elle n'étaient pas bête, ce n'est pas pratique" 
etc etc
et toujours le "mais elles n'étaient pas con"

Ce ne sont pas de BONS arguments


  Pour moi l'archéologie expérimentale n'est pas modifier les sources pour s'adapter à l'environnement en pensant que la source est fausse, mais reconsrtuire et retrouver les gestes ensuite. Et pour celà il faut compulser, compulser et compulser les sources, regarder aussi les cultures autour de nous (vive youtube) et vivre avec son costume (ou objet!).

Pour donner un exemple parlant justement au niveau des jupes. Porter un costume de geisha, c'est une façon de marcher, c'est une façon de s'asseoir, c'est une façon de bouger... un façon de faire qui s'apprend et qui nécessite certains muscles. Il est impossible de bouger à notre manière européenne dedans. Alors quoi faire? Apprendre ces technique ou élargir et donner de l'ampleur au bas de la robe? chacun fera son choix, mais on ne dira pas qu'il y a une erreur dans le costume parce qu'on arrive pas à bouger dedans.
Et de même si une geisha sert le thé, elle ne fait pas la cuisine (il me semble) alors si vous voulez faire la cuisine ne faites pas un costume de geisha.


Voici mon commentaire  :



  Ces méthodes différent beaucoup selon les époques. Par exemple au XIVe il y a une sorte de blousage façon serviette de bain qui n'a pas besoin de ceinture et qui est très pratique pour les surcots. Pour le XVe il y a le boudin blousé, l'avant de la robe remonté dans la ceinture...
Plutot que de se dire, ça ne va pas être pratique je fais plus court, c'est une représentation fantasmée, peut-être faut-il faire les longueurs et ampleurs et trouver les solutions. .
Dans le cas d'une robe hyper longue avec des choses plein les mains, la façon de marcher est un glissé de la pointe du pied, et pour monter les escalier il faut taper avec le pied. c'est aussi une façon de disposer les plis dans la ceinture. ou de tenir la robe avec le coude. Concernant les travaux aux champs j'ai dans la tête cette demoiselle sur youtube, en jupe, qui roule sa jupe avant de commencer, plie les genoux, et fauche un champ complet. Alors oui quand il y a de la boue et de l'herbe mouillée je blouse ma robe. Oui quand je monte une échelle je remonte ma robe dans ma ceinture, oui quand je vais en cueillette je remonte ma jupe en 2 points minimum de façon a bricoler un poche pour la remplir, oui quand il pleut et que j'ai suffisamment de couche j'utilise la dernière pour me proteger la tête.
Pour moi l'archéologie expérimentale n'est pas modifier les sources pour s'adapter à l'environnement en pensant que la source est fausse, mais faire la source et retrouver les gestes ensuite.
Je suis tout autant d'accord qu'il y a encore 50 ans dans les campagnes les femmes avaient aussi des jupes, mais plus courtes et une autre façon de faire. pratique ou non. mais combien d'épaisseurs? quel temps? ma grand mère me parle de minimum 4 jupons plus la jupe, ce n'est pas l'unique chemise pour travailler aux champs en plein été d'une femme au XIIIe, qui remet sa robe ensuite, ce n'est pas la robe unique remontée dans la ceinture avec la chemise dessous suffisamment courte que l'on vois dans les riches heures, ce n'est pas non plus la jupe sans jupon qu'on ose pas remonter de peur de montrer sa culotte d'aujourd'hui.

Dans ce commentaire, j'oubliai de citer les accessoires qui aident
les petits bidules dont on  ignore la forme et le nom au bas des robes XIVem quand ces dames sortent à l’extérieur, le troussoir sorte d'épingle à  trois branches fin XVem puis XVIe et le saute ruisseau plus tardif (j'adore les saute ruisseau!).


.

2 commentaires:

  1. Merci pour ce rappel utile ;)
    Je peux ajouter ceci : En expérience, il y a aussi prendre les textes pas drôles (genre inventaires, correspondances), voir les quantités de tissus employées, les usages... Et faire pareil. Comment se retrouver avec des robes de 2m de haut, et de 6m d'ampleur en 13e. Et quand on compare avec les sources archéologiques, on découvre que des tenues espagnoles faisaient plus de 2m de haut... Que la robe de Ste Claire fait 175cm à l'arrière, alors que Claire mesurait 1.60m... Bref, il faut apprendre à marcher avec la masse de tissu si on veut faire du noble (et même si on fait nonne. Il y en a juste un peu moins... Mais beaucoup quand même ;))

    RépondreSupprimer
  2. Merci Perline. Ça fait plaisir de voir quelqu'un qui se sert de sa tête.

    RépondreSupprimer